Les chrétiens évangéliques partagés sur les élections américaines

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A la veille des élections présidentielles américaines opposant l’actuel président des Etats-Unis, Donald Trump et le candidat démocrate Joe Biden, les chrétiens évangéliques sont divisés. 

Demain, mardi 3 novembre, aura lieu la cinquante-neuvième élection présidentielles des Etats-Unis. Lors de la précédente élection en 2016, on a beaucoup entendu que les chrétiens évangéliques blancs avaient aidé l’élection du candidat républicain, Donald Trump.

Cette année, les chrétiens évangéliques apparaissent plus divisés. Dans un article publié aujourd’hui dans Christianity Today, le journaliste Timothy Dalrymple tente d’expliquer avec diplomatie « pourquoi les évangéliques ne sont pas d’accord sur le président ». Il met un point d’honneur à ne pas caricaturer négativement les chrétiens des deux côtés, affirmant que « nous ne rendons pas service à notre foi » lorsque l’on agit de la sorte.

D’après lui, « les croyants évangéliques qui ont longtemps travaillé dans les mêmes domaines se retrouvent maintenant dans des camps en guerre ».

« Un camp déclare qu’ils ne peuvent pas comprendre comment des hommes et des femmes qui partagent leur foi pourraient éventuellement soutenir un candidat. Tandis que l’autre camp se demande comment quiconque nourri par la Parole pourrait rejeter l’autre candidat. Les camps sont, non seulement, en désaccord mais ne peuvent pas se comprendre. Incapable de voir la raison dans le point de vue opposé, chaque partie affirme que l’autre a succombé à la déraison, aux préjugés ou à la soif de pouvoir ou d’approbation. »

Il explique qu’il ne s’agit pas d’une division entre « conservateurs et progressistes » mais bien de différences au sein même des chrétiens évangéliques dit plutôt conservateurs.

Avec beaucoup de bienveillance, l’auteur propose de les séparer en deux camps. D’un côté il y aurait ce qu’il appelle « the Church Regnant »(l’église régnante en français). Il s’agirait de membres de l’église qui s’ils sont « préoccupés par la politique étrangère et économique » se sentaent surtout particulièrement interpellés par les positions d’un gouvernement « sur la vie et la famille ». A leurs yeux, « ne pas voter pour le parti républicain donne du pouvoir au parti qui protège le régime effroyable de l’avortement et qui fait progresser une éthique sexuelle qui conduit à d’immenses confusion et souffrance ».

Ce camp représente donc les chrétiens évangéliques qui soutiennent Donald Trump. L’auteur explique que ce camp accorde « une plus grande valeur à l’acquisition et à l’utilisation du pouvoir politique » et considère l’élection présidentielle comme « une bataille entre le bien et le mal ». Ainsi, les vices d’un candidat « semblent minimes lorsque la vertu du monde est en jeu ». A leurs yeux, gagner le pouvoir politique est une manière de protéger le mode de vie chrétien.

Comme c’est le cas de Franklin Graham, grand supporter de Donald Trump, ou encore du pasteur Bill Johnson de l’église Bethel en Californie qui vient de manifester son soutien au président, dans un article intitulé « Pourquoi je vais voter pour Donald Trump ».

Timothy Dalrymple propose d’appeler l’autre camp « The Church Remnant » (l’église restante en français), il s’agirait de chrétiens évangéliques qui ont une vision très différentes du royaume de Dieu. Ils sont souvent plus jeunes, plus urbains mais aussi plus diversifiés socialement que les membres de « l’église régnante ». A leurs yeux, le royaume de Dieu est trop sacré pour être mélé à des élections présidentielles. Et il se manifesterait plutôt dans l’action, « lorsque nous prononçons l’Évangile en paroles et en actes, servons les sans-abri et les réfugiés, et accompagnons nos voisins souffrant ».

« Pour le reste de l’Église, le royaume de Dieu concerne moins l’acquisition du pouvoir que le désinvestissement du pouvoir, établissant nos droits et privilèges comme le Christ l’a fait (Philippiens 2) afin de servir les impuissants. »

L’auteur explique que pour cette raison, le second camp « accorde une plus grande priorité à la pureté de l’église qu’à la prospérité du pays. La prospérité nationale est importante, mais les nations fleurissent et tombent pendant que l’Église persiste dans l’éternité ».

Il s’agirait du camp qui soutiendrait plutôt le candidat démocrate, Joe Biden. À l’instar du comité d’action politique, »Not Our Faith », lancé par des chrétiens pour s’opposer à Donald Trump et dénoncer « une utilisation du christianisme pour servir ses propres intérêts ».

Sur son site internet, le comité se positionne en faveur de Joe Biden, même si ils sont « pro-vie ». Ils expliquent que dans l’ensemble les politiques du candidat démocrates sont plus en adéquation avec une vision biblique.

C’est par exemple le cas de la petite fille de Billy Graham, Jerusha Duford, qui s’est exprimée en faveur du candidat démocrate, déclarant que le président Trump essayait « de détourner notre foi pour des votes ».

L’auteur rappelle que malgré leurs différences, les deux camps sont constitués d’hommes et femmes « qui s’efforcent avec chaque fibre de leur corps de suivre Jésus » et conclut qu’à la base de ces désaccords se tient non pas une différence théologique, mais bien une « vision différente du royaume de Dieu ».

C.P

Crédit image : chrisdorney / Shutterstock.com


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